Surtout ne pas se fier à son allure.
D’ailleurs, son sourire réchauffe toute de suite nos pires appréhensions. L’oeil vert charbonneux, tout de noir vêtue – « C’est mon style, je suis ‘dramatique’, mais pas le vôtre », me voilà rassurée -, en une minute Josy a vu l’essentiel. « Le grain de la peau, la façon de bouger, la nature du cheveu, l’ossature me renseignent mieux qu’un discours ». Seule l’intéresse en nous la nature profonde, celle qui au fil des ans ne bouge pas. Depuis plus de vingt ans, cette fille de militaire, qui se lève à quatre heures du matin, fait deux heures de sport par jour, observe, conseille et forme (cabinets de recrutement, écoles…) son prochain.
« Sans juger. Je ne suis pas relookeuse, je ne transforme pas, je n’impose pas, je révèle. On n’a que des qualités ! ».
Installée dans un salon calme du quatrième étage du Printemps de la Mode, la positive Josy, connue dans le monde depuis sa collaboration avec Lancôme, a mis au point une méthode unique qui tient compte de nos termpéraments : cristal, ambre, granite, botticellien…, ce qu’elle appelle « notre vibration ». Son analyse psychologique est troublante de justesse.
Vous repartez maquillée, croquis de la styliste sous le bras, avec gamme de couleurs et conseils de coiffure, de mode, de parfums, lunettes et même de décoration! Avec surtout l’agréable sensation d’avoir été compris(e).
Maris et enfants peuvent essayer. Josy a beau s’en défendre, elle est un peu magicienne.
Laurence de Calan

Toute de noir vêtue, les paupières fardées et la démarche majestueuse, Josy Mermet apparaît comme sortie des coulisses d’un théâtre baroque. Elle s’assoit devant vous sur une petite table vitrée, vous surplombe, ses jambes croisées sous une longue jupe. On frissonnerait presque lorsqu’elle vous lâche : «Je suis dramatique c’est mon style.» Avant d’ajouter sans hésitation: «Vous, vous êtes flamme… » Pardon? Flamme? Comme le capitaine? Non, non, flamme comme la couleur, le tempérament, le style. Ce genre de diagnostic, énigmatique pour le profane, Josy Mermet en dresse depuis une quinzaine d’années à des centaines de clients. Tous venus chercher leur «propre image» dans ce petit salon coquet, au deuxième étage d’un grand magasin parisien du boulevard Haussmann.
Même si elle refuse le terme, Josy est ce qu’il est convenu d’appeler une «relookeuse.» Mais attention! Pas de celles -nombreuses – qui vous imposent leur style, vous déguisent -à la manière de… » Que nenni. Le talent de Josy – son «don », dit-elle – est de vous révéler votre vraie personnalité, souvent tronquée par le regard de la famille ou des bonnes copines, puis de la mettre «en harmonie» avec votre apparence physique. Pour cela, pas besoin de s’allonger sur un divan. «En quelques minutes, je parviens à saisir le tempérament de mon interlocuteur, assure-t-elle. Juste en observant la texture de sa peau, sa façon de se mouvoir, la nature de ses cheveux ou encore son ossature. » Elle en déduit un style, ou plutôt «une typologie » parmi les vingt-huit qu’elle a recensées au cours de sa carrière (ivoire, slave, naturel … ). À partir de là, ne reste plus qu’à décliner les couleurs qui conviennent le mieux, les vêtements, les coiffures et, pourquoi pas, la déco de son appart’ou la marque de sa voiture…
A l’entendre, ça marche à tous les coups. «Vous êtes testé à vie, sans aucune erreur. » Un slogan digne d’un cabinet de marabout s’il n’était prononcé par Josy Mermet.

Une Jurassienne d’origine qui n’a, au fond, rien de la madame Irma du tergal. En vingt-cinq ans de carrière, cette fille de militaire à la mémoire visuelle bien affùtée, a parcouru le monde, de l’Europe à l’Afrique en passant par l’Asie. Et reçu pas moins de 15 000 clients. Parmi eux, pas mal d’acteurs et d’hommes politiques. Mais aussi des étudiants sortis de l’école et même quelques chômeurs à la recherche d’un boulot. «Aujourd’hui. tout repose sur l’image que l’on veut donner aux autres. C’est essentiel. Et bien souvent, cette image que l’on a de soi est liée au regard que portaient sur nous nos parents. En fait, on ne sait pas qui on est vraiment. Moi je travaille donc à revaloriser les gens, leur faire comprendre qu’ils sont beaux et uniques et qu’ils ne possèdent que des qualités inexploitées. »
Un prêche revigorant que cette banlieusarde, mère de deux enfants, continue de prononcer entre ses rendez-vous quotidiens, lors de conférences en entreprises ou devant des cabinets de recrutements, tous avides de son savoir-faire quasi diabolique. À chacun, elle leur parle de sa méthode déposée voici plus de vingt ans sous le nom de chromopsychologie : l’étude de la personnalité par les couleurs. De son cotê, Josy Mermet la joue plutôt discrète sur sa propre vie. Son âge ? « Pas très intéressant.» Ses passions ? «Je ne vis que pour mon métier. » Son réseau ? « Tout marche par le bouche à oreille.» On veut bien la croire, elle qui refuse de surfer sur la déferlante du relooking, devenu depuis une dizaine d’années, la tarte à la crème des reality-shows. Ainsi, après avoir fait le succès du premier C’est mon choix sur ce thème, Josy ne veut plus entendre parler de l’émission qui surexploite le filon. «C’est du racolage regrette-t-elle. Moi, j’aurais pu monter une école et je serais aujourd’hui richissime. Mais je ne fais pas ça pour l’argent, juste pour aider les gens. Le relookage est quelque chose de sérieux. Tout comme ce monde dont elle semble rêver en secret, et où l’on pourrait enfin se fier aux apparences.